Le mot Bunkai est un terme japonais signifiant « analyser, décomposer ». En ce qui concerne le Karaté, il se réfère à l'interprétation d'un Kata.

Si l'on compare un Budo à un langage, alors les Kihon sont le vocabulaire de base. De même, les Kata sont des phrases toutes faites. Quant aux  applications du type Bunkai et Kumite ce sont des mises en pratique dans le langage courant.

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Tora-no-Maki ou Tigre Shotokan

A savoir sur le SHOTOKAN

 

Les Kata de l'école Shotokan proviennent du mélange de deux styles différents. D'une part du Shorin-ryu où domine la vitesse, d'autre part, du Shorei-ryu où domine la force.

Définition du mot Shotokan

Sho : arbre, pin du Japon, idée de force
To : océan, idée de mouvement rapide
Kan : maison ou Dojo

Comment se révèlent-ils en décodant les Kata?

De certains mouvements du kata, on peut déduire ou suggérer des enchaînements. Ils peuvent être appliqués dans des situations concrètes. Parfois, les Bunkai coulent  de source, parfois ils sont assez éloignés des techniques produites dans le kata. Ceci implique que le karatéka apprendra sans relâche la technique du Kata en lui-même. Par contre, il devra aussi ressentir les mouvements, les enchaînements, les transitions. C'est seulement cela qui permettra de les  appréhender, de les développer. Ces derniers seront d'abord simples, puis de plus en plus complexes. Ce développement se fera avec l'aide de son Sensei au début, puis par lui-même, seul, en suite.
Par exemple, ce qui semble être un blocage dans une séquence du Kata, n'est pas suivi d'une action offensive, et pire, suit un changement de direction ! Cela implique que le défenseur bloque l'attaque adverse et lui tourne le dos pour s'occuper d'une menace nouvelle. Mais que fait le premier adversaire pendant ce temps-là ?

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Bunkai

Alors, avant-bras contre tibia ; qui est le gagnant ?

Par exemple, une situation de Kata.

Tandis qu'un blocage s'exécute en avançant vers l'opposant, il est suivi, en second lieu, d'une contre-attaque longue, sans tenir compte de la distance opposant réellement les deux combattants.

Un autre exemple dans la forme du Kata : tenter de bloquer un Mae-geri en avançant sur l'assaillant, sans se faire toucher.

Or, pour le bon sens de l'expérience ce serait de l'absorber, grâce à un déplacement du corps ou bien grâce à un recul ! Mais en réalité, le pas en avant vers l'assaillant met le défenseur en péril  !

Tout bien considéré, les situations de conflit virtuel sont irréalistes.

En effet, il apparait clairement par l'analyse qui en est faite en situation de combat réel que ces situations deviennent rapidement inappropriées et inapplicables. Si elles sont extraites et appliquées, telles quelles, face à un partenaire.

Il ne faut pas oublier que les techniques exécutées dans le Kata ont évolué dans le temps et parfois, ont été adaptées ou déformées. D'autant plus que à ces changements se superposent les influences des Senseïs ayant enseigné, et donc appris ces Kata. De même pour le fait historique où le karaté fut longtemps interdit. Si bien que les techniques d'entraînement comme le kata devaient suggérer certaines attaques et non les démontrer ouvertement.
Enfin, certains changements se veulent apporter une signification symbolique ou harmonieuse au Kata. Par exemple, nombre total de mouvements, répétition de mouvements (souvent 3 fois). D'autres encore apportent une certaine symétrie pour développer les membres gauches et droits.

Dès lors, les Bunkai sont l'unique manière de tenter de saisir le sens d'origine du Kata. Au point que ce « sens » est d'ailleurs souvent l'origine d'âpres discussions.

En définitive, quelles conclusion en tirer ?

Alors, si les exercices formels appliqués depuis que l'homme se bat et se combat, si ces exercices qui représentent la clé de voute et le canon d'un style, sont inutiles voire néfastes dans le contexte de la self-défense, pourquoi sont-ils parvenus à nous ? Ils représentent la base du bagage technique du pratiquant. Ensuite ces formes sont pratiquées par des experts dont l'efficacité est reconnue.

Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit d'Art Martial, synonyme de secrets techniques jalousement gardés et dissimulés.

Les termes Toridai et Himitsu sont utilisés pour définir les techniques qui passent inaperçues à un observateur occasionnel et qui sont cachées dans le kata. En Goju-ryu, on pratique même le kata à deux pour renforcer les Bunkai et l'entraînement des techniques correctes.  Au cas où les techniques ne sont pas effectuées correctement dans le kata, elles ne seront pas efficaces en combat.

Le Bunkai pour décoder les Kata et leur donner une interprétation réaliste

En définitive, les Kata délivrent un message codé qu'il faut "craquer", ce qui semble cohérent en considérant ce qui est précédemment écrit. Dans cet ordre d'idées, il s'agit d'un apprentissage de maniement d'armes et d'une question de vie ou de mort. C'est un enjeu majeur.

Néanmoins, il ne faut pas oublier la dimension initiatique et spirituelle du Kata. De même pour certains auteurs qui font une lecture de ces Kata par la grille d'interprétation des points vitaux. Cela permet de les attaquer de la façon correcte, relativement avec les points d'acupuncture et la chronobiologie chinoise.

Il est donc bien évident qu'il est nécessaire de découvrir les clés de lecture pour interpréter de façon réaliste des Kata en situation de self-défense.

QUELQUES EXEMPLES DE BUNKAI